C.O.N.S.I.D.E.R.A.T.I.O.N

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Cette photo a été prise ce mercredi 13 Septembre. J’attendais patiemment le début de la visite de la grande maison devant laquelle j’étais assise. Je ne posais pas, ma tante a capturé ce moment sans que je ne m’en rende compte. J’étais plongée dans mes pensées et je voyais apparaître, comme un hologramme, les événements qui se sont produits au sein de la propriété sur laquelle je me trouvais.

Je suis en ce moment aux Etats-Unis et mercredi je visitais Shirley Plantation à Charles City, en Virginie. C’est la plus ancienne plantation de l’état, d’abord de tabac puis de coton. Elle a environ 400 ans. On y retrouve les vestiges de l’époque de l’esclavage dont bien entendu la maison dans laquelle vivaient les propriétaires: les Carter. La 12éme génération de cette famille y habite encore d’ailleurs.

J’étais donc assise sur le porche, le regard dans le vide, imaginant que des hommes, des femmes et des enfants y avait très certainement été traités comme du bétail jusqu’à – officiellement – il y a environ 150 ans à peine.

La visite de Carolyn, notre guide, vend les lieux comme étant la demeure d’une grande et belle famille soudée qui perpétue encore aujourd’hui certaines traditions. Elle nous a raconté le patriotisme des hommes de la famille qui se sont engagés dans l’armée, la bravoure d’une des femmes grâce à qui la vie de centaines de soldats a été préservée également de maris aimants et d’épouses dévouées.

Mais voyez-vous la présence des esclaves a totalement été occultée. Ce n’est pas mon avis, c’est la réalité. Les autres résidents de Shirley Plantation ne sont pas mentionnés lors de la visite du rez-de-chaussée de la maison – la famille occupe les étages supérieurs.

Je me suis efforcée pendant la visite de ne pas fusiller Carolyn du regard pendant son speech limite robotisé à force d’avoir fait ce tour. Mais j’étais énervée par l’hypocrisie ambiante. A croire que les locataires majoritaires des lieux ne contribuaient ni à la vie quotidienne, ni à l’enrichissement des Carters.

C’est comme si tous ces hommes et toutes ces femmes n’avaient pas existé. Déjà que leur dignité leur avait été retirée pendant toute leur vie, aujourd’hui il n’y a aucune considération à leur égard!!!!!!!!!

Considération: (nom féminin) Action de considérer quelque chose, de le faire entrer en ligne de compte

Larousse

Qui dit mieux?

En rentrant, j’étais comme vidée de toute énergie. Alors quelle ne fut ma stupeur de découvrir le soir même qu’une bande de nigauds à Lyon a décidé d’appeler son nouveau bar « La première plantation ».

Mon nom, La Première Plantation, est une référence aux plantations de canne à sucre (le rhum en est issu) dans les colonies françaises. Je cherche à retranscrire l’esprit colonial, un esprit à la cool, une époque où l’on savait recevoir.

Source: Le Petit Bulletin

Pendant la périodes coloniales, les blancs pouvaient se payer le luxe de vivre cette vie oisive parce qu’il y avait des ESCLAVES qui travaillaient GRATUITEMENT pour eux dans ces plantations et leurs faisaient gagner énormément d’argent. D’où pensez-vous que provient la richesse de beaucoup de grandes familles?

WHAT THE FUCK WITH YOU GUYS????? C’est quel genre de manque de considération à l’égard de la vie de toutes ces personnes qu’on a arraché à leur terre, à qui on a fait traverser un océan vaste dans des conditions déplorables, pour à l’arriver les tuer, battre, violer, mutiler, exploiter, dénuer de toute identité! Pour eux l’époque coloniale n’était pas « cool ».

Trop c’est trop

Ajoutant à tout ça le débat du moment sur les défauts de distribution des produits cosmétiques adaptés aux peaux noires – je vais en parler bientôt – je fais une constations qui est la suivante: NOUS LES NOIRS, ne sommes pas considérés dans cette société!

Je ne vois pas d’autres explications à l’appropriation culturelle dont nous sommes souvent victimes – KK signature braids? Really? – ou au manque de respect que certains médias féminins – je salue ceux qui travaillent sur ça.

Nous sommes des êtres humains avec une forte concentration de mélanine dans notre épiderme, notre sang est rouge et nous respirons aussi grâce à nos poumons. Pourquoi n’avons-nous pas le droit à plus de considération?

Comme tous les consommateurs nous pesons aussi sur l’économie donc pourquoi n’aurions-nous pas le droit à une offre adaptée ACCESSIBLE? Parce que cette offre existe mais nous devons faire des pieds et des mains pour y accéder.

Il faut m’expliquer parce que je ne comprends pas…

Cet article est ma première contribution à ce combat pour faire avancer les choses. Vous aussi apportez votre pierre à l’édifice, ça commence par l’éducation. Pour les uns, cherchez à comprendre avant de juger ou tirer des conclusions trop hâtives; pour les autres, prenez le temps d’expliquer.

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